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Découvrez mon livre « Le mythe féminin – Comment les stéréotypes sur les femmes légitiment les inégalités de genre »

Bonne année ! Même si, ne nous leurrons pas, elle ressemble pour l’instant furieusement à la précédente…

Alors, pour (mieux) commencer 2021 en l’agrémentant d’un peu de lecture féministe, je vous propose de découvrir mon livre « Le mythe féminin – Comment les stéréotypes sur les femmes légitiment les inégalités de genre ».

Un travail d’écriture qui a commencé comme ça, sans perspective particulière, par envie de me lancer dans un projet plus exigeant que la « simple » écriture de blog, et que – prise au jeu – j’ai fini par transformer en essai structuré. Je l’ai autopublié sur Amazon (je sais…) pour que ce soit plus simple et surtout plus rapide, mais je n’exclus évidemment pas, si j’en ai la possibilité, de le faire publier par une maison d’édition traditionnelle.

Vous y retrouverez certains sujets que j’ai déjà abordés ici, comme le mythe de l’instinct maternel ou la misogynie intégrée des femmes. Mais vous y trouverez également des pages sur le travail des femmes (et leur supposé manque d’ambition), la violence féminine (pensée comme inexistante par la société), l’amour, le sexe, le couple, les inégalités de répartition des tâches domestiques, etc. Oui, c’est varié. Aussi varié que la gamme des stéréotypes féminins, qui continuent encore d’étendre leur empire en 2021, enfermant les femmes dans des cases étroites dont elles ont encore du mal à sortir.

L’objectif de ce livre ? Analyser par le menu ces stéréotypes qui nous gouvernent, pour mieux leur tordre le cou. Et montrer que l’inégalité de genre n’est en rien une fatalité, la nature et la biologie n’ayant rien à voir là-dedans, mais qu’elle est plutôt un choix que fait la société.

En 9 chapitres, chacun consacré à un mythe en particulier, je me suis donné pour ambition de fournir des outils d’analyse et de réflexion pour mieux appréhender la question du genre féminin en tant que construction sociale. Et d’ouvrir le débat sur les stéréotypes, qui constituent une réelle entrave à l’émancipation des femmes et à leur conquête de l’égalité.

J’ai essayé de fournir aux lectrices et aux lecteurs autant d’outils (chiffres, études, réflexions) que possible pour mieux appréhender cette question foisonnante. Et passionnante.

J’espère sincèrement que vous prendrez autant de plaisir à lire ce livre que j’en ai eu à l’écrire, allant de découverte en découverte (on croit presque tout savoir sur un sujet, et puis…), et d’étonnement en étonnement.

Pour le commander, en format Kindle ou broché, c’est par ici 

Merci à vous de soutenir mon travail !

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Pour 2022, il nous faut une Présidente

Matthieu Bourel ©

Depuis quelques temps, j’ai une obsession.

Voilà : je suis persuadée qu’il nous faut une Présidente. Plus encore, il nous faut des femmes au pouvoir.

Ce n’est pas seulement parce que les hommes qui nous gouvernent ne cessent d’afficher leur incompétence crasse et leur manque abyssal de vision stratégique (et leurs tentations autoritaires, aussi). C’est aussi parce qu’un entre-soi – masculin, en l’occurrence – ne peut produire que des visions courtes et des idées incomplètes, en plus de perpétuer des schémas inégalitaires.

On sait depuis longtemps que des équipes dirigeantes « diversifiées » ont pour effet d’augmenter la performance (en termes d’innovation et de résultats financiers) des organisations.

Alors, quand est-ce qu’on s’y met au plus sommet de l’Etat ?

Covid-19 : les femmes agissent pendant que les hommes font la guerre

Il suffit, pour se convaincre de l’importance d’une véritable parité dans les fonctions de dirigeant-es, de regarder comment les femmes ont géré la crise du Covid-19, par opposition à leurs homologues masculins. Certes, ces dernières sont encore peu nombreuses – il est donc difficile d’en tirer des conclusions solides. Mais l’on peut déjà faire quelques observations.

Jacinda Ardern en Nouvelle-Zélande, Halimah Yacob à Singapour, Angela Merkel en Allemagne (qui a affronté avec efficacité la première vague), Tsai Ing-Wen à Taïwan, Erna Solberg en Norvège, Katrin Jakobsdottir en Islande, Sanna Marin en Finlande… Ces dirigeantes se sont distinguées par leur brillante gestion de la crise sanitaire.

Jacinda Ardern

Pendant ce temps-là, le gouvernement français nous abreuvait de démonstrations virilistes :

Conseils de défense opaques pour [mal] gérer la crise, « Nous sommes en guerre » répété 6 fois lors de la première allocution du Président pour bien rajouter de l’angoisse à une situation déjà anxiogène, absence de communication, mensonges, recrutement de vieux technocrates de sexe masculin dans une tentative désespérée de sauver le paquebot qui coule… La recette habituelle d’une mayonnaise qui ne prend plus.

Et des gestes qui ressemblent plus à une volonté de se regarder gérer la crise qu’à une volonté de la gérer réellement, tandis que les femmes leaders, elles, agissent avec efficacité.

Interpellée par ces observations, Uma Kambhampati, une professeure d’économie britannique, a décidé de mener une enquête en comparant les données de 194 pays. Résultat : non seulement les taux d’infection étaient généralement plus faibles dans les pays dirigés par des femmes, mais les taux de mortalité étaient aussi nettement plus bas. Selon la co-autrice de cette enquête, Supriya Garikipati :

«Nos conclusions montrent que les résultats du Covid sont systématiquement et considérablement meilleurs dans les pays dirigés par des femmes et, dans une certaine mesure, cela pourrait s’expliquer par les réponses stratégiques proactives qu’elles ont adoptées. Même en tenant compte du contexte institutionnel et d’autres contrôles, ces pays ont tiré un avantage d’avoir une femme au pouvoir lors de la crise actuelle.»

Anticipation, vision stratégique, communication claire, confiance envers la population : les actions mises en place par les dirigeantes ont largement participé à endiguer (ou contenir) l’épidémie.

Ce n’est donc pas une simple coïncidence : les pays dirigés par des femmes s’en sortent beaucoup mieux que les pays dirigés par des hommes en termes de cas recensés et de décès.

Par comparaison, les pays dirigés par des hommes nationaux-populistes (Etats-Unis, Brésil, Russie, Royaume-Uni…) ont assisté, et assistent toujours, à une véritable débâcle.

De là à affirmer que la masculinité toxique a un rôle à jouer dans cette pandémie, il n’y a qu’un pas… que je franchirai allègrement.

Les femmes, dirigeantes de demain ?

Personne n’incarne mieux cette nouvelle forme de pouvoir que Jacinda Ardern, la Première Ministre néo-zélandaise. Bienveillante mais ferme, elle a montré pendant la crise du Covid-19 une grande réactivité, tout en déployant une stratégie clairement définie et en communiquant régulièrement auprès des citoyens. Résultat : à ce jour, la Nouvelle-Zélande a quasiment vaincu l’épidémie. Certes, la situation insulaire du pays n’y est pas pour rien. Mais Jacinda Ardern a montré que le pouvoir, lorsqu’il est réinventé par les femmes, pouvait retrouver ses lettres de noblesse.

Et ce « nouveau » leadership va bien au-delà de la gestion de la crise sanitaire.

Ainsi, le Danemark, la Norvège, la Finlande et la Nouvelle-Zélande sont les quatre pays du monde où l’on vit le mieux en 2020, selon le classement Social Progress Imperative, un indice qui évalue le progrès social et le développement humain. Ce sont aussi… des pays qui sont dirigés par des femmes.

Vous en voulez encore ?

Une étude publiée en 2019 par la Harvard Business Review a analysé un large panel de dirigeant-e-s dans l’histoire moderne (1950–2004). Ses conclusions sont sans appel : les pays dirigés par des femmes ont connu une croissance moyenne du PIB de 5,4 % par année, contre 1,1 % pour leurs homologues masculins. En d’autres termes, la santé économique d’un pays est bien meilleure lorsqu’il est dirigé par une femme. La raison en serait toute simple : l’économie tire profit de la diversité.

La dirigeante finlandaise Sanna Marin

Il n’est pas question de verser ici dans l’essentialisme, en exaltant une prétendue nature féminine qui ferait des femmes des êtres nécessairement doués d’empathie, de volonté, d’intelligence émotionnelle – en un sens, des êtres moralement supérieurs. Chaque femme est évidemment différente, et l’histoire a montré que le pouvoir au féminin n’était pas intrinsèquement bienveillant.

Cependant, il existe une différence importante entre les femmes et les hommes, et celle-ci tient dans la socialisation genrée. Les femmes sont majoritairement éduquées à se monter compatissantes, attentives, calmes, à prendre soin des autres et d’elles-mêmes. Les hommes, eux, sont généralement élevés dans l’idée qu’ils doivent être forts, autoritaires, puissants, et que la prédation est l’un des moyens de parvenir à leurs fins.

Ces différences d’éducation se ressentent ensuite dans la façon dont les femmes et les hommes appréhendent le monde, et exercent leurs fonctions.

Tout d’abord, les femmes ne sont pas alourdies par ce fardeau qu’est le virilisme, qui commande de faire des démonstrations de force avant de prendre en charge les problèmes. Elles n’ont pas été éduquées à désirer le pouvoir plus que tout, à mettre leur ambition au-dessus du bien-être commun, à faire passer leurs intérêts personnels avant ceux du collectif. Ensuite, elles ne sont pas tirées vers le bas par des normes rétrogrades qui définissent le pouvoir – associé dans les esprits à la masculinité – comme un éternel rapport de force, et comme la défense de ses propres intérêts avant ceux de ses autres (prendre soin de soi et des autres étant considéré comme l’ultime faiblesse). Délestées des oripeaux de la masculinité toxique, les femmes ont toute latitude pour diriger sans crainte de ne pas correspondre à un idéal, aussi tordu qu’il soit.

Les femmes (tout comme les hommes) ne proposent pas une seule et même manière de gouverner. Le « leadership au féminin », formule paresseuse qu’on voit fleurir un peu partout, n’existe pas en tant que tel. Il serait donc plus juste de parler de démocratie féministe, pour reprendre le titre du récent ouvrage de Marie-Cécile Naves.

Ce que propose la « démocratie féministe », c’est une opposition « aux pouvoirs à visée prédatrice », un « pouvoir à visée émancipatrice », « un autre agenda », « une autre manière d’exercer le pouvoir ».

C’est, tout simplement, un changement de paradigme. Socialisation différenciée oblige, les nouvelles dirigeantes ne sont pas là pour faire des concours de gros bras, et encore moins pour faire la guerre. Elles ne s’inscrivent pas dans un cadre de rapports de force : autrement dit, elles ne sont pas là pour performer le pouvoir, mais pour l’exercer. Elles ont compris que la vulnérabilité n’était pas un gros mot, étant entendu qu’il est impossible d’être humain sans être vulnérable. Contrairement aux dirigeants, elles n’ont pas la crainte que leur compassion, leur volonté de protection, leur intérêt pour la science et la préservation de la nature ne les féminisentelles sont déjà femmes. Elles n’ont pas besoin de s’enfermer dans une tour de verre pour préserver leur statut. Elles n’ont a priori pas peur des compromis, de l’écoute, de l’apaisement, puisque cela n’écornera pas leur image.

Elles sont, en quelque sorte, délivrées de ce qui empoisonne tant d’hommes dirigeants : la masculinité hégémonique.

L’émergence de la démocratie féministe

Le pouvoir des femmes « se caractérise par la rupture avec les rhétoriques de force et de domination et par un refus de la docilité. Il est combatif tout autant que coopératif, déterminé, ambitieux et à la fois soucieux de prendre en compte les expériences vécues. Il est incarné aussi par des figures masculines comme Bernie Sanders, Pete Buttigieg, et Barack Obama encore aujourd’hui » (Marie-Cécile Naves).

C’est cela qu’il est important de souligner : si le leadership féministe constitue une rupture nette avec l’image habituelle du pouvoir (virilité exacerbée, postures guerrières, prédation, refus de la vulnérabilité, autorité voire autoritarisme), il n’est pas forcément incarné par des femmes. Les hommes peuvent aussi refuser les conceptions normées du pouvoir, et réinventer la manière de diriger : c’est par exemple le cas de Justin Trudeau au Canada ou de Joe Biden aux Etats-Unis.

Barack Obama, une autre manière de diriger

Pour conclure, jetons un œil du côté des sciences sociales. Que disent les études qui ont été menées à ce sujet ?

On peut citer une récente étude de 2014 qui répertorie cinq caractéristiques essentielles chez les dirigeant-es performant-es (extraversion, stabilité émotionnelle, ouverture d’esprit, amabilité et conscience professionnelle). Selon cette étude, les femmes obtiennent des notes plus élevées que les hommes dans quatre catégories sur cinq. Ce qui fait dire aux chercheurs et chercheuses que « les femmes dirigeantes sont plus douées pour le leadership que les hommes ».

Une méta-analyse menée en 2003 en combinant 45 études différentes a conclu quant à elle que les femmes dirigeantes avaient un style de leadership plus innovant, plus « transformatif » que les hommes dirigeants. Et même si les différences entre femmes et hommes étaient légères, selon l’étude, elles n’en demeuraient pas moins significatives.

Résultats similaires pour cette étude de 2014 menée par un cabinet de consulting américain : les femmes seraient davantage dirigées par la volonté d’agir que les hommes, et auraient tendance à se montrer plus empathiques et à l’écoute que leurs homologues masculins. A prendre avec des pincettes, néanmoins, tant il existe de formes de pouvoir que de femmes.

Mais d’autres études ont aussi montré qu’il n’existe pas de différences naturelles entre la façon dont les femmes et les hommes dirigent, et que les divergences qui ont cours sont le résultat de contingences naturelles, de traits de personnalité et de facteurs culturels combinés.

L’importance d’un regard pluriel

Bien évidemment, cet article ne soulève que des tendances générales, dues non pas à la biologie mais à la socialisation de genre. Il est évidemment possible de trouver des exemples de femmes ayant adopté un style de pouvoir basé sur la domination et la prédation, tout comme il est possible de trouver des exemples d’hommes dont la manière de diriger s’appuie sur la conciliation, l’écoute et la volonté de réunir (on aimerait cependant qu’il y en ait plus…).

Si nous avons besoin de dirigeantes, ce n’est pas uniquement parce qu’elles apporteraient quelque chose de nouveau : un nouveau regard sur le monde, une nouvelle manière de diriger. Il est tout à fait possible que cela ne soit pas le cas.

Ce qui est en cause, ce qui se fait urgent, c’est avant tout la nécessité de diversifier les regards, les positions, les stratégies, les expériences, les convictions. Car une direction entièrement masculine ne prend en compte que la moitié de l’humanité, en plus d’obéir – souvent – à des normes rétrogrades qui associent le pouvoir à la domination. C’est un regard nécessairement lacunaire, incomplet, et plus encore : défectueux.

Il nous faut des femmes dirigeantes, mais aussi des personnes – tous genres confondus – dont les origines, les expériences, les milieux sociaux varient. C’est avec cela, et seulement cela, que pourra être résolue la crise démocratique que nous vivons aujourd’hui.

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5 livres écrits par des femmes, à offrir ou à s’offrir

Vous aimeriez introduire plus de femmes dans votre bibliothèque ? Vous cherchez des idées de livres à offrir à Noël (ou à ajouter à votre pile à lire, comme on dit dans le métier) ?

Vous avez envie de dire fuck au juré du prix Goncourt qui a (encore) récompensé un homme ? Fuck aux boy’s clubs masculins qui, dans un élan quasi-incestuel, continuent à se promouvoir et se récompenser les uns les autres ? Fuck aux programmes de français qui continuent à invisibiliser les femmes ?

Entrez donc en résistance avec moi : je vous propose dans cet article les 5 meilleurs livres de 2020 écrits par des femmes. Plus que jamais, nous avons besoin d’une pluralité de regards pour enrichir notre imaginaire collectif ; plus que jamais, nous avons besoin des regards féminins.

1 – BETTY, de Tiffany McDaniel

Attention. Je crois que nous tenons là l’un des meilleurs livres de 2020, si ce n’est l’un des meilleurs livres TOUT COURT.

«  Betty » est tout simplement un chef-d’œuvre.

L’autrice Tiffany McDaniel s’est inspirée de l’histoire de sa mère pour écrire ce roman qui suit la vie de Betty, née de père Cherokee et de mère Blanche dans l’Ohio des années 50. L’autrice américaine a longtemps dû batailler pour faire publier ce roman, auquel les éditeurs reprochaient de déployer un regard trop « féminin » (sic). On lui conseilla même de remplacer le personnage principal par… un garçon (il est vrai que la littérature manque cruellement de protagonistes masculins !).

« Betty » est difficile par les sujets qu’il aborde (l’inceste, les violences sexuelles), mais il est aussi une démonstration magistrale sur le silence comme outil de perpétuation de la violence. Plus encore, il est d’une beauté rarement égalée, que ce soit dans l’écriture, les réflexions ou les métaphores employées.

En outre, il propose le plus beau personnage de père que j’ai jamais rencontré dans un roman, loin des pères toxiques et/ou absents auxquels nous a habitué la littérature.

Je vous le garantis : vous refermerez ce livre en pleurant.

2- LE SILENCE D’ISRA, de Etaf Rum

Ce roman narre la vie d’Isra, née en Palestine et mariée de force aux Etats-Unis à l’âge de 17 ans. Cloîtrée dans sa nouvelle demeure, forcée à procréer pour « donner » à son mari les héritiers tant attendus, elle ne met au monde que des filles. 18 ans plus tard, c’est la révolte de sa fille aînée, Deya, que l’on va suivre. Un parcours semé d’embûches et de secrets, que ce roman passionnant nous donne à voir. Obscurantisme, difficultés à s’extraire des traditions familiales, condition des femmes dans les pays cadenassés par la religion, servitude volontaire, douleur de l’exil… « Le silence d’Isra » aborde de nombreux sujets, dans une langue fluide et agréable à lire.

3- LA DEUXIEME FEMME, de Louise Mey

En nous plongeant dans la tête de Sandrine, une femme victime de violences conjugales, l’autrice nous donne à voir le fonctionnement du mécanisme d’emprise et la façon dont il se resserre sur la victime, jusqu’à lui ôter toute force et tout esprit critique. C’est vertigineux, révoltant, passionnant. « La deuxième femme » décrit avec précision ce schéma classique et étonnamment rigide, ce cercle infernal dans lequel tant de femmes se retrouvent prisonnières : débuts passionnés, emménagement qui suit dans la foulée, dénigrement, humiliations, piège qui se referme, début des violences physiques. Le personnage de l’homme (dont le nom n’est jamais cité, comme pour mieux souligner son insignifiance) est insupportable, odieux, mais très justement dépeint.

Un livre très puissant pour mieux comprendre le mécanisme d’emprise et la réalité des violences conjugales.

4– FILLE, de Camille Laurens

« Laurence Barraqué grandit avec sa sœur dans les années 1960 à Rouen. « Vous avez des enfants ? demande-t-on à son père. – Non, j’ai deux filles », répond-il. Naître garçon aurait sans doute facilité les choses. Un garçon, c’est toujours mieux qu’une garce. Puis Laurence devient mère dans les années 1990. Être une fille, avoir une fille : comment faire ? Que transmettre ? »

J’ai refermé ce livre (une autofiction déguisée en roman) en me demandant : qu’est-ce qui ne va pas dans notre société pour que l’autobiographie de (presque) toutes les femmes soit émaillée de violences, des plus fugaces aux plus évidentes ?

Ce livre est d’une grande violence, et pourtant il n’en a pas conscience. C’est justement ce qu’il raconte : l’acceptation tacite par les femmes des violences morales, économiques, sexuelles dont elles sont victimes. Mais « Fille » n’est pas que ça. Il est aussi un beau portrait de femme, touchant, drôle parfois, révoltant souvent. Un livre qui remue et invite à la réflexion.

5- LA FILLE DE L’ESPAGNOLE, de Karina Sainz Borgo

« Adelaida Falcón vient d’enterrer sa mère lorsque de violentes manifestations éclatent à Caracas. L’immeuble où elle habite se retrouve au cœur des combats entre jeunes opposants et forces du gouvernement.
Expulsée de son logement puis dépouillée de ses affaires au nom de la Révolution, Adelaida parvient à se réfugier chez une voisine, une jeune femme de son âge surnommée «la fille de l’Espagnole». Depuis cette cachette, elle va devoir apprendre à devenir (une) autre et à se battre, pour survivre dans une ville en ruine qui sombre dans la guerre civile »

Un très beau roman à l’écriture puissante, qui comporte de belles pages sur l’exil. A lire non pas tant pour l’intrigue que pour la description (très) crue de la situation politique et sociale du Venezuela.

6- Bonus : LE GENRE DU CAPITAL, de Céline Bessière et Sybille Gollac

OK, ce n’est pas un roman mais un essai. Mais je vous en conjure : lisez-le.

« On sait que le capitalisme au XXIe siècle est synonyme d’inégalités grandissantes entre les classes sociales. Ce que l’on sait moins, c’est que l’inégalité de richesse entre les hommes et les femmes augmente aussi, malgré des droits formellement égaux et la croyance selon laquelle, en accédant au marché du travail, les femmes auraient gagné leur autonomie. Pour comprendre pourquoi, il faut regarder ce qui se passe dans les familles, qui accumulent et transmettent le capital économique afin de consolider leur position sociale d’une génération à la suivante. »

On y apprend comment les femmes se font détrousser par leur propre famille, avec la complicité (consciente ou non) des notaires, des avocat.es et des gestionnaires de patrimoine. Et pourquoi le capital reste aux mains des hommes (dans le monde, les hommes détiennent 50 % de richesses en plus que les femmes).

Saviez-vous que les pensions alimentaires étaient défiscalisées pour celui qui les paye, et taxées pour celles qui les reçoivent ? C’est l’une des nombreuses choses que vous apprendrez dans cet essai brillant.